Après une longue période d'absence due aux fêtes, je tenais à vous présenter le restaurant d'un ami situé à Hatagaya (Ligne shin keio). Ce dernier est uniquement spécialisé dans le curry japonais : Kuminsoul.

Son propriètaire, Takuya a longtemps arpenté les rues de Tokyo ainsi que les nombreux festivals de la région au volant de son camion,et, après quelques années de dur labeur, il a décidé l'année dernière d'ouvrir son propre magasin.















Initialement dédié uniquement à la vente à emporter, il s'est transformé depuis peu en restaurant, les prix sont très attractifs et le curry, dont Takuya a étudié toutes les facettes pendant plus de 15 ans y est très bon.

C'est un peu la croix et la bannière pour trouver le magasin donc je ne conseillerai qu'aux gens habitant les environs de s'y rendre, on peut y aller en 15 minutes via Nakano en bus.  















Site Internet
http://www.kuminsoul.com 

Adresse
Shibuya-ku Honcho 6-7-6 Bâtiment Yasuno rez de chaussée 
Ouvert tous les jours de 12h à 23h
                                           

Un Yakuza (ヤクザ) est un membre d’une corporation à caractère mafieux appelé communément Boryoukudan qui signifie « groupe violent » (暴力団). Le mot est en fait formé de trois caractères ya-ku-za, qui signifie, "gars du milieu", "vaurien". Le terme de Yakuza, quant à lui, est tiré du vocabulaire d'un jeu de dé, signifiant "8, 9, 3" et désignant la combinaison perdante.

Par extension, elle désigne, les perdants, les rejetés, les gens en marge de la société. Hier comme aujourd'hui, un Yakuza est d'abord un individu rejeté d'une manière ou d'une autre par la société, parce qu'il est pauvre, qu'il a un passé criminel ou qu'il n'a tout simplement pas les ressources suffisantes pour s'intégrer.

Devenir Yakuza signifie être accepté au sein d'une communauté, entouré, défendu. Ils seraient actuellement 90 000 au Japon, repartis en 2500 gangs. Au début des années 60, il y en avait près de 180 000, repartis en 5 000 gangs.

Outre certains aspects qui les feraient s’apparenter à un système de crime organisé rencontré sous d’autres latitudes, leur intégration est devenue tellement importante dans le potentiel économique du pays qu’ils en sont incontestablement des acteurs majeurs. Au-delà, culturellement, ils se sont taillé une position sociale qui fait que, même si leur attitude est fondamentalement opposée à la stricte observation de la loi par le commun des japonais, ils sont partie intégrante de l’image et de l’histoire de la nation.



Origines des Yakuzas


Certains auteurs voient l'apparition des ancêtres des Yakuzas au courant du XVème siècle. De multiples organisations de Rônins (anciens samouraïs et, de ce fait, excellents combattants) sillonnent le Japon, commettant divers méfaits sur leur passage. Ils se reconnaissent à leur tenues et à leurs coiffures originales et se déplacent toujours armés. Ce sont kabuki-mono (les "fous") qui adoptent une attitude sauvage, ouvertement criminelle et anarchique. Vers 1612, dans un mouvement de révolte, les machi-yakko , que l'on pourrait définir comme les défenseurs des opprimés, vont s'organiser et s'opposer à eux. Généralement plus faibles que les kabuki-mono , ils seront perçus comme de véritables héros et s'affirmeront d'une part, part en s'intégrant à la communauté, contrairement aux kabuki-mono qui la rejettent, et par un sens prononcé de l'honneur et de la fidélité envers leur chef, d'autre part. C'est de l'héritage de ces derniers que les yakuzas se revendiqueront.

Un certain nombre de machi-yakko vont eux-mêmes se scinder au milieu du XVIIème siècle : les bakuto , se rattacheront aux jeux de hasard (qui deviendront l'une des ressources les plus lucratives des yakuzas) et les marchands ambulants, ou tekiya , constitueront le noyau dur de ces regroupements. Leur attitude n'est pas vraiment exemplaire, ils se réunissent alors entre eux afin de protéger leurs propres intérêts. Aujourd'hui encore, on utilise les termes bakuto et tekiya pour définir les membres de la mafia, tandis que d'autres catégories sont apparues.
Au XIXème siècle

C'est en 1868 que le Japon est entré dans « l'ère Meiji », synonyme de renouveau et d’ouverture, signifiant la fin de la féodalité et le début de l'ère industrielle japonaise. Les Yakuzas prennent alors soin de tisser des liens étroits avec le gouvernement. Parallèlement à ces activités politiques, l'organisation va alors intensifier ses méthodes de recrutement. La place accordée aux jeux tend à s'affaiblir, la police renforçant sa lutte, les tekiya vont voir augmenter leurs effectifs et leurs gains grâce à des couvertures leur garantissant la légalité de leurs actions. Durant toute cette époque se développe tout un commerce clandestin autour du jeu, du sexe et du marché noir.

Au cours des années 20

La famille Yakuza se politise et se rapproche de l'extrême-droite. Il s'agit alors de prévenir toute manifestation de bienveillance envers l'Occident et, jusqu'au milieu du XXème siècle, les Yakuzas vont se spécialiser dans des actes terroristes visant généralement des hommes politiques séduits par les idéologies provenant d'Europe ou d'Amérique. Suite à l'ouverture du pays à l'Occident et à sa démocratie le statut de l'empereur va être remis en question. Les Yakuzas vont alors développer un nationalisme exacerbé qui les conduit à l'assassinat de deux premiers ministres et de deux ministres des finances, ainsi qu'à de multiples autres agressions. Jusque dans les années 30, les Yakuzas s'infiltrent dans les milieux ouvriers et dans la politique. Comme ils aident l'ultra nationalisme proche du pouvoir, le gouvernement s'alliera à eux, leur accordant en échange plus de liberté.



Après la deuxième guerre mondiale


Les années d'occupation américaine sont pour les Yakuzas une période de bienveillance de la part des autorités. On dénombre à cette époque plus de 60 bandes, acoquinées avec les partis politiques et la police, qui ferment les yeux sur leurs activités, les estimant « utiles à la communauté ».

Après la défaite du Japon, le pays est totalement ravagé. La pègre en profite pour s'accaparer le monopole du marché noir. La loi japonaise étant ce qu'elle est, les actions des Yakuzas relèvent presque de la légalité. Placés sous la haute surveillance de l'armée américaine, moins chargée de les condamner que de les observer, ils traversent une période florissante et tranquille, la police ayant perdu le droit d'être armée dans le cadre de la nouvelle constitution. Les Yakuzas étant anticommunistes (puisque ultra-nationalistes), ils seront aussi aidés par les Américains, qui libéreront même des criminels anticommunistes incarcérés. Le marché noir se développe (apparition des gurentai , "voyous", spécialisés dans ce domaine) faisant la fortune de nombreux clans. L'organisation se structure alors très fortement, se servant de la violence pour parvenir à ses fins, tout en gardant une solidarité et un « honneur » à toute épreuve : c'est que les enjeux devenant plus importants, les hostilités gagnent en ampleur.

Dans les années 50, les américains ne peuvent plus les combattre, ils deviennent plus violents que leurs prédécesseurs. L'image moderne du Yakuza se dégage alors qui s’inspire de celle du gangster américain. Les armes à feu remplacent le sabre et si certains gangs restent attachés à un certain sens de l'honneur, d'autres agissent sans état d'âme et n'épargnent pas, lors de règlements de comptes publics, les innocents pris entre les feux. Ce qui explique que la population ne les apprécie guère.

La nouvelle génération qui se développe au début des années 60 se fait plus violente mais aussi beaucoup plus importante ; le temps que les autorités réagissent, elles doivent faire face à plus de 180 000 membres divisés en plusieurs familles. La guerre des gangs, basée sur le partage du territoire, est initiée par Yoshio KODAMA, sorte d’Al CAPONE local.







Actuellement


On dénombrerait aujourd'hui environ 90 000 Yakuzas organisés en plusieurs syndicats. Au cours des années 90, la législation va leur porter de durs coups et entamer leurs relations avec les autorités : la loi antigang de mars 1992 qui vise à tenter de faire disparaître les boryôkudan (syndicats du crime) contribue à une baisse de leurs effectifs. Mais ils sont toujours là, camouflés derrière diverses sociétés-écran à façade légale (snacks, cabarets, ...). et surtout mieux organisés.

Depuis les années 90, les relations des Yakuzas avec les autorités se sont largement effondrées. Une section antigang a été créée pour lutter contre eux mais ils se justifient en arguant de leur capacité à réguler la criminalité basse en raison du contrôle qu’ils exercent sur les actions des voyous. Ceci dit, ils sont responsables de la plupart des meurtres perpétrés au Japon et ne sont pas près de disparaître tant leurs domaines d'action sont vastes, tant leurs liens sont forts avec leurs soutiens (politiciens, triades, mafia sud-coréenne) par la place qu’ils occupent dans l'imaginaire national.


















On note que de 1997 (平成9年) à 2006 (平成18年), le nombre de Yakuza a plutôt tendance à stagner.

Structure et organisation













L'organisation est structurée comme une famille. En haut de la pyramide, on trouve le "père" (oyabun), chef du clan, qui a une autorité totale sur ses subordonnés (kobun) ou enfant (wakashu). L'oyabun est assisté d'un lieutenant, le wakagashira, son bras droit, et d'un autre, le shatei-gashira (de même rang que le 1er mais avec moins d'autorité). Au milieu on trouve les "frères" (kyôdai) et tout en bas les "petits frères" (shatei). Les familles les plus importantes à l'heure actuelle sont le Yamaguchi-gumi ( Kobé, 750 clans et a peu près 20 000 membres), l'Inagawa-kai ( Tokyo, 313 clans et 6 700 membres) et le Sumyoshi-gumi ( Tokyo et côte est, 177 clans et 7 000 membres)












On remarque que de 1990 (平成2年) à 2006 (平成18年), la famille Yamaguchi (山口組) a pris une place considérable dans la hiérarchie des Yakuza (cela s’explique principalement par sa migration de Kobe vers Tokyo), il est également intéressant de souligner que les grandes familles ont pris le pouvoir et poussé les petits groupes(その他) vers la sortie

Valeurs


À l'instar des samurai qui suivaient le Bushidô (la voie du guerrier), les Yakuzas suivent leur propre ligne de conduite : le Ninkyôdô 任侠道 (la voie chevaleresque). en voici les principales règles :

1. Tu n'offenseras pas les bons citoyens.

2. Tu ne prendras pas la femme du voisin

3. Tu ne voleras pas l'organisation

4. Tu ne te drogueras pas

5. Tu devras obéissance à ton supérieur

6. Tu accepteras de mourir pour le père ou de faire de la prison pour lui

7. Tu ne devras parler du groupe à quiconque

8. En prison tu ne diras rien

9. Il n'est pas permis de tuer un katagi (personne ne faisant pas partie de la pègre)

On notera que la règle 9 n'est pas souvent appliquée





 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
Les rituels


La cérémonie d'entrée dans le cercle Yakuza est très formalisée, il s'agit d'une réception dont la date est fixée par rapport au calendrier lunaire, dans une salle traditionnelle. La cérémonie est caractérisée par le silence de tous les participants. On trouve dans la salle un autel Shintoî et une table basse sur laquelle sont entreposés les cadeaux. Tous portent le kimono, et sont placés suivant un ordre établi. Le Oyabun et le Kobun s'échangent des coupes de Saké. L'oyabun proclame un discours énonçant les principes des Yakuzas, la fidélité et l'obéissance aveugle. La cérémonie se termine par le bris du silence lors d'un Omedo Gozaimasu crié en coeur.

La cérémonie de départ, ou de licenciement est plus simple. Lorsqu'un Yakusa trahit son maître, en cas de manquement aux devoirs, ou autres fautes, la demande de pardon est très douloureuse: il s'agit de s'automutiler le petit doigt et de l'offrir à l'Oyabun. On rend la coupe de Saké à son Oyabun. Et en cas de renouvellement de faute, c'est au tour des autres doigts. Rares sont ceux qui parviennent à un âge avancé sans en avoir perdu au moins un de cette manière. La plupart le conservent d'ailleurs dans une petite bouteille de formol, bien en vue dans leur demeure afin de ne jamais oublier leur disgrâce. Cette pratique est tout de même de moins en moins utilisée, par souci de discrétion face aux autorités. Ce signe devient trop visible lorsqu'on envisage de se ranger. Ainsi, depuis dix ans, les Yakusas en disgrâce ont souvent recours à la chirurgie réparatrice et aux prothèses d'auriculaire.



 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
La pratique du yubitsume (doigt coupé) remonte au temps des samouraïs. Lorsqu’un guerrier décapitait par erreur un allié sur le champ de bataille, il était condamné à se couper un doigt… Cette auto-sanction s’exécute selon un rituel appelé otoshi-mae – un mot passé dans le langage courant japonais pour présenter ses excuses !


Le tatouage est également un rituel important au sein des Yakuzas, qui en sont presque tous recouverts. Cette pratique est originaire des Bakuto, dont les membres se tatouaient un cercle noir autour du bras à chaque crime commis. Aujourd'hui, il s'agit plus d'une volonté de différenciation. Se tatouer l'intégralité du corps est également considéré comme une preuve de courage (une centaine d'heures de travail, et de douleur, est au moins nécessaire) et de fidélité, vu l'indélébilité du procédé et l’exclusivité des dessins qui sont leur seul apanage.


 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
Les activités
 
Multipliant les sociétés-écran pour investir en Bourse ou dans l’immobilier, certaines familles de yakuzas sont aujourd’hui à la tête de la plus importante capitalisation boursière du Japon, alimentée par les dizaines de milliards tirés de leurs activités illicites (casinos clandestins, trafic de drogue, extorsions de fonds et cyber-criminalité). Les yakusas ont également investi dans des secteurs étonnamment différents comme l’éducation (l’accès aux établissements scolaires les plus réputés se fait par le biais de centres de tests préparatoires appelés juku) et le monde du spectacle (agences de célébrités…). Mais comme la crise économique a également frappé de plein fouet la Bourse de Tokyo, certains yakuzas « à col blanc » se sont récemment retrouvés… ruinés.
 
















C’est ainsi que des mafieux désargentés ont récemment fait appel aux sarakins. Ces yakuzas d’un genre particulier contrôlent des sociétés de crédit : ils accordent des prêts sans garantie à quiconque vient les trouver. L’endetté a toutefois intérêt à rembourser dans les délais les sommes empruntées. Lorsqu’il s’agit de récupérer l’argent prêté, un sarakin est prêt à tout ! Parfois, l’endetté est obligé de contracter une assurance-vie au bénéfice du yakuza, qui s’empresse de le tuer pour empocher la prime…



 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
Conclusion
 
Après ce bref survol du système yakuza, il est démontré, dans ce domaine particulier s’il en est, que le poids de son histoire pèse lourdement dans la société japonaise. A l’image d’autres corps, ceux-là officiellement constitués, les yakuzas ont leurs rites et leurs règles fondés sur le respect de valeurs héritées de codes de conduite, mais essentiellement dirigés vers le recherche du profit. A ce titre, ils sont reconnus comme « une société secrète à but lucratif ».


Pour ceux qui m’ont côtoyé au Japon, ils connaissent mon degré d’intégration dans le mode de vie japonais.

Ayant vécu dans plusieurs pays à l’étranger, il est vrai que j’ai été souvent plus intéressé par le contact avec la population locale, l’apprentissage des us et coutumes locales que par la fréquentation des français. Mon niveau de maîtrise de la langue et ma connaissance du pays attestent de ce souci.

J’ai quand même au fil du temps, eu de nombreux contacts avec les expatriés tokyoïtes aussi bien dans le cadre du travail que dans le privé et je dois avouer que la peur de perdre la capacité à m’exprimer dans ma langue maternelle m’a poussé parfois à créer certains liens.

Globalement, j’ai été très déçu de la mentalité des français à Tokyo qui, comme le confirme une récente étude sur le comportement du français à l’étranger qui fait de lui un mauvais élève, se montraient hautains, pingres et superficiels, généralement hermétiques à la richesse culturelle ambiante.

Hautains dans le sens où beaucoup (même s’ils n’ont pas d’emploi mirobolant) pensent que l’unique fait d’être français leur donne une certaine dimension sociale et qu’ils dédaignent être courtois.

Pingres, parce que beaucoup ne dépensent que très peu d’argent même s’ils en gagnent beaucoup, argotant au yen près sur des montants de courses ou de consommations.

Superficiels, dans le sens où ils assènent des vérités sur des sujets qu’ils ignorent, et limitent leurs centres d’intérêt aux filles, bouffes et sorties. Les problèmes politiques, le droit, la coutume leur sont impénétrables, de même que les richesses de la vie sociale.

Ce qui est étrange c’est que les français les plus intéressants étaient ceux qui venaient au Japon en touristes parce que leur soif de découverte les rendait plus aptes à échanger des idées. J’ai d’ailleurs depuis mon retour au pays plus de contacts avec ces derniers qu’avec les français du Japon, ce qui n’est pas un hasard…

Ce constat est plutôt affligeant mais par forcément surprenant car il me rappelle ceux de nos compatriotes qui, en Afrique, venaient exclusivement « fabriquer du franc CFA ».

Pour ceux qui sont casaniers ou qui veulent rester entre compatriotes, les nombreuses associations et clubs français seront une bonne solution, pour ceux par contre qui veulent profiter au maximum de leur expérience, je leur conseille vivement d’éviter les contacts avec les français expatriés qui sont très peu constructifs.