Un des sujets tabous au Japon reste la celui de la seconde guerre mondiale. Les japonais en parlent très peu et évitent en général d’aborder le sujet. Sans en remémorer non plus les événements, je vais vous présenter l’un des symboles de l’union du peuple avec son armée : les porte-bonheur des soldats japonais lors de la période 1937-1945.


Les banderoles Nobori (幟)
Lors du départ d’un conscrit pour l’armée, parents et amis achetaient des banderoles que l’on arborait le jour du départ. Appelés Nobori (幟), ces banderoles pendent verticalement, suspendues à une tringle et sont portées au bout d’une perche. Elles mesurent généralement deux à trois mètres. En toile, plus rarement en soie, elles sont vendues avec des motifs imprimés représentant soit le drapeau national et celui de l’armée entrecroisés, soit celui de l’armée : le disque rouge et les rayons (日の丸) et contient presque toujours les caractères « félicitations ».



 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
Ici, en arrière plan de chaque côte du drapeau
 
Le drapeau Hinomaru (日の丸)


Le plus connu de tous ces symboles est bien sûr le drapeau que possèdaient la plupart des soldats, le hinomaru (disque rouge), ou soleil levant, dit aussi bun-tchokyu (武運長久), du Bun (武運) : sort des armes et tchokyu (長久) : longue vie. L’expression signifie « la prière adressée aux dieux que le soldat soit heureux au combat et qu’il ait une longue vie », plus prosaïquement, nous dirons certainement « qu’il gagne et en revienne ».

Sous forme de rectangle de soie ou de toile portant un disque rouge, il s’accompagnait tout autour des Yosegaki (寄せ書き), les souhaits et signatures de la famille, des amis, des collègues et en principe, en plus gros caractères bun-tchokyu.

Ce drapeau était porté en campagne et au combat, sur soi et très souvent fixé au fusil ou à la baïonnette.



 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
La ceinture Sen-nin-bari (千人針)


Chaque soldat avait aussi une ceinture porte-bonheur portée sous les vêtements appelée Sen-nin-bari ou broderie par mille personnes. Que l’on appelait plus communément « ceinture aux milles points » (de broderie). Egalement en soie ou en toile, elle comporte le disque rouge, et à l’avers, l’inscription bun-tchokyu en fil rouge, couleur du bonheur quand elle est combinée avec le blanc.



 
 
 
 
 
 
 
 
L’origine de cette ceinture remonte à une ancienne légende dans laquelle un tigre, symbole du guerrier, parcourut mille RI (vieille mesure japonaise égale à une lieue ou 4 km), puis revint, parcourant de nouveau mille RI, ce qui signifie qu’il revint sain et sauf. Ces ceintures sont soit offertes directement par l’épouse, les parents, soit brodées par des écolières ou groupes de femmes et expédiées aux soldats.
 

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
Les sacs de consolation Imon-Bukuro (慰問袋)


Pour soutenir le moral des troupes, des collectes étaient organisées au cours desquelles on distribuaient des sacs imprimés dits imon-bukuro, littéralement « sacs de consolation », dans lesquels on mettait des cigarettes, photos, friandises, chocolats. Déposés à la mairie et collectés, ces sacs étaient soit expédiés à des destinataires précis, soit anonymes. D’un côté sous un motif guerrier, on pouvait lire le classique bun-tchokyu et, à côté, Imon Bukuro.



 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
Les bandeaux hatchi maki (鉢巻)


Les soldats japonais conservaient aussi des bandeaux dits hatchi maki, arborés au front, avec le disque rouge et diverses inscriptions comme Banzai (万歳 ) « pour gagner », la plus célèbre étant bien sur Kamikaze (神風), portée non seulement par les pilotes des unités-suicide que par les marins d’unités spéciales.