En France, l'architecture est certainement l'élément le plus révélateur si on s'intéresse à l'histoire d'une ville. Au Japon ce n'est pas en hauteur qu'il faut regarder mais plutôt au sol en observant les bouches d'égoût... (マンホールの蓋)

Si les systèmes d'évacuation des eaux usées existent au Japon depuis près de 2000 ans, les réseaux d'égouts avec regards (上水道) n'ont été introduits au Japon qu'à la fin du 19ème siècle par des ingénieurs étrangers (la première bouche d'égoût fut posée à Yokohama en 1882).


Les premières plaques ressemblaient en tous points à celles que l'on peut trouver en France, représentant principalement des formes géométriques. Dans les années 1980, lorsque la majorité des villes japonaises eurent à moderniser leurs systèmes d'évacuation, la personnalisation ou customisation des plaques d'égouts se généralisa.















Aujourd'hui, près de 95% des modèles présentent un design personnalisé, le plus souvent à l'effigie de symboles de régions ou de villes (ou références à l'identité culturelle), à la faune et la flore (symbolique très forte dans l'inconscient collectif nippon) mais aussi à des entreprises, de trains, des lieux et mêmes des personnages. 















La créativité de certains fabricants de "Manhole" et la qualité de réalisation de ces couvercles ont au fil des années, commencé à passionner un certain public, qui leur dédie des blogs et des sites internet où y sont référencés les plus beaux spécimens.

De plus, les nombreux musées dédiés à l'eau (水道記念館), dont ceux de Tokyo situés respectivement à Ochanomizu (東京都水道歴史館 ) et à Ariake (東京都水の科学館) retracent l'histoire des systèmes d'évacuation de l'eau au Japon avec un espace dédié aux bouches d'égouts.

Enfin, pour ceux qui sont intéressés par cette forme d'art, je vous conseille fortement l'ouvrage "Drainspotting", premier ouvrage entièrement dédié au Manhole.