A l’instar des métiers itinérants présents en Europe tels que le porteur d’eau, le vitrier, le marchand de blocs de glace, le marchand de charbon qui ont au fil des siècles peu à peu disparu, la vente ambulante au Japon est encore présente, notamment celle du Tofu (豆腐).

Importé de Chine à l’époque Nara (奈良時代) le Tofu était autrefois remis aux croyants lors de leur passage au temple. Sa consommation s’est vulgarisée pendant la période Muromachi (室町時代). A cette époque, c’est à Kyoto que le Tofu était principalement vendu, étant le plus souvent fabriqué à Nara. Les transports étaient effectués à dos d’homme à l’aide d’un balancier.



















De nos jours, il n’existe pas réellement de mot pour caractériser la vente ambulante mais les japonais utilisent volontiers l’expression 引き売 (vente bradée) ou encore 路上売り(vente de rue)















Le conditionnement actuel ressemble sensiblement à celle de la période Edo (江戸時代) où déjà le tofu froid et le tofu grillé étaient séparés dans deux compartiments distincts.















L’attirail du vendeur se comose d’une charrette (リヤカー), de deux voire trois glacières (クーラーボックス) et d’une petite trompette (ラッパ) servant à attirer l’attention de la clientèle. Cet instrument est d’ailleurs le signe distinctif de la profession.




















Les vendeurs ont généralement entre 18 et 32 ans et sont en majorité des hommes (la traction de la charrette plutôt lourde ainsi que les nombreux kilomètres de marche demandent un effort physique certain). Ils ne sont pas des vendeurs à la sauvette, car rattachés à des magasins de Tofu ou à des entreprises d’intérim. Ils sont généralement employés à mi-temps (バイト), de quoi arrondir les fins de mois.















La plupart du temps, ces vendeurs ambulants se rencontrent dans la banlieue de Tokyo, notamment à l’est de la ville dans les arrondissements d’Edogawa (江戸川区), Katsushika (葛飾区) ou Adachi (足立区), là où la population est constituée en majorité de personnes âgées, près de résidences HLM (団地), aux abords des stations de métro et des écoles, ou encore dans des quartiers tels que Tsukiji (築地), où sont concentrés les principaux fournisseurs de Tofu de la ville. C’est là que se trouve d’ailleurs l’une des plus célèbres enseignes de Tofu Tokyoïte : Noguchiya (野口屋).