Le cannabis appelé communément au Japon Taima (大麻), Asa(アサ) ou encore Happa (ハッパ) connaît une hausse du trafic et de la consommation du produit en tant que drogue malgré une législation très sévère. Comme dans tous les pays, il existe bien sûr un marché parallèle mais la tendance montre que les japonais n'hésitent plus à le cultiver.

Histoire


La culture du cannabis a été supprimée et interdite par les forces d’occupation américaines au Japon après la seconde guerre mondiale. Aujourd’hui, la plupart des Japonais ne réalisent pas que la marijuana et le cannabis sont issus de la même plante et qu’elle fait partie du patrimoine national au même titre que le riz. Herbe sacrée dans la religion Shintô, elle était utilisée et glorifiée par les anciens poètes Zen et par les moines bouddhistes.

A la mort de Hiro-Hito en 1989, on a célébré le couronnement de son héritier avec un faste très particulier du fait que l’empereur est considéré comme un descendant direct des dieux qui agit comme une sorte de grand prêtre dans la croyance Shintô. Dans cette religion, le cannabis est considéré comme le symbole de la pureté.



 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
Changement de mentalités ?

Désormais, le cannabis fait un come-back remarqué dans la société japonaise : alors que nombre de jeunes Japonais ont appris à apprécier la marijuana lors de leurs voyages à l’étranger et dans un contexte où les agriculteurs et les universités font des recherches et des expériences sur ses applications et ses multiples utilisations, le public voit de plus en plus sa prohibition comme une influence américaine néfaste.

Législation




 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
La réglementation japonaise en matière de consommation et de trafic de stupéfiants est très stricte et appliquée de manière draconienne. Une personne, même mineure, trouvée en possession de drogue (de quelque nature ou quantité que ce soit) est systématiquement arrêtée et présentée dans les 72 heures à un magistrat qui décide le placement en garde-à-vue pour une durée de 10 jours reconductible pour 10 jours supplémentaires.

A l’issue de la celle-ci, le juge décide soit de classer l’affaire et de relâcher la personne, avec paiement souvent d’une forte amende, soit de la mettre en examen, avec écrou dans une maison d’arrêt dans l’attente du jugement qui intervient généralement dans un délai minimum de deux mois. La personne condamnée est transférée dans une prison et soumise pendant toute la durée de sa peine à des règles disciplinaires extrêmement sévères.
Même de très faibles quantités de cannabis peuvent être à l’origine d’une condamnation et les peines prononcées sont généralement très lourdes : plusieurs mois de détention pour quelques grammes de cannabis, plusieurs années pour des quantités plus importantes, assortis de très fortes amendes.






 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
Dans la réalité

Durant le premier semestre 2009, les statistiques en matière de consommation font apparaître une augmentation de près de 21% par rapport à la même période de référence en 2008. La police a saisi environ 260 kg de cannabis (Ce chiffre paraît très faible mais nous sommes dans un pays où la loi est généralement appliquée et respectée), et les arrestations traduisent que la consommation connaît une croissance importante (cf carte ci-dessous).



 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
De plus en plus de particuliers en viennent à cultivent eux-mêmes le chanvre, souvent avec pour unique intention de pourvoir à leur consommation personnelle. Evidemment, c'est aussi une manière de faire des économies sur ce produit illicite dont le prix de vente est le plus cher au monde (cf graphique ci-dessous)
 

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
Paradoxalement, il existe d’ailleurs de nombreuses boutiques où l’on peut acheter du matériel pour la culture « en chambre » du cannabis (le climat nippon ne se prêtant pas forcément à cette dernière) ; ces derniers ont pignons sur rue, on les trouve même dans les quartiers de Shibuya ou encore Shinjuku.
 

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
Corollairement, et depuis 2007, on assiste à des manifestations plus fréquentes en faveur de la légalisation du cannabis. Ce phénomène, qui semble marginal, traduit cependant une évolution des mentalités.
 

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
Conclusion
 
Même si par rapport à l’Europe, la consommation et le trafic de cannabis peuvent paraître dérisoires, on peut noter depuis quelques années une certaine démocratisation de la « fumette » au Japon. Les nombreuses arrestations de « people » (le tennisman Joji Miyao, le sumotori Shinichi Suzukawa)ces deux dernières années indiquent elles aussi que les habitudes de consommation tendent à moins se cacher.

Malgré le fait que la politique pénale puisse encore conduire à des poursuites lourdes, de plus en plus de japonais n’hésitent pas à se mettre hors la loi.

L’augmentation de la consommation du cannabis traduit à mon sens autant l’influence des cultures occidentales qu’un désir des japonais de montrer une certaine rébellion vis-à-vis de la contrainte de leur mode de vie et de leur société.