Lorsqu'on lit le journal japonais, meurtres, suicides et prostitution chez les jeunes japonais sont en bonne place dans les colonnes des faits divers.

A la fin des années 90, on a assisté au Japon, à une recrudescence d'actes violents perpétrés par des mineurs, les meurtres atroces de Kobe (神戸連続児童殺傷事件) et celui d’Utsunomiya (栃木女性教師刺殺事件) avaient alerté l'opinion publique et forcé l'état à prendre des décisions draconiennes pour éradiquer ce fléau.

En effet, on a réformé la loi sur les mineurs, ceux-ci peuvent être poursuivis à partir de 14 ans (au lieu de 16 ans auparavant) et jugés comme des adultes au tribunal correctionnel. Depuis, on assiste à une baisse importante des délits,démontrant ainsi que les sanctions prévues ont eu l’effet escompté.

En 2006 (date la plus récente à disposition), 112 000 incidents se sont produits, selon le rapport annuel de l’agence nationale de police, soit une baisse de 8.8% par rapport à l’année précédente.













La délinquance chez les mineurs au Japon englobe plusieurs types de délits tels que :

- les parricides (親殺し),
- les meurtres de jeunes filles (少女の殺人事件),
- les meurtres dus aux brimades d’étudiants ( ijime/ いじめ),
- les meurtres sexuels (性犯罪),
- les agressions d’inconnus dans la rue (oyaji gari / 通り魔事件),
- les meurtres de professeurs (対教師暴力),
- les violences familiales (家庭内暴力),
- les vols à l’étalage (万引き),
- les viols (幼女 レイプ),
- les exactions en groupes (暴走族),
- les enlèvements (誘拐),
- la prostitution des jeunes filles (enjo kosai/援助交際).

La classification de ces délits souligne bien la pression d’une société extrêmement exigeante, où les repères familiaux ont volé en éclats, où l’argent est la valeur reine et où le système éducatif, très sélectif, ne tolère aucune faiblesse.


 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

 
Les origines de cette recrudescence de la violence chez les jeunes résident dans la désagrégation de la cellule familiale, la crise du système éducatif et les conséquences de la politique de croissance économique à tout prix menée après guerre. Après la seconde guerre mondiale, les Japonais ont concentré leur temps et leur énergie au travail et à l’entreprise, délaissant leur vie familiale et communautaire.

 Les dégâts provoqués dans la société sont patents : les relations humaines se sont considérablement dégradées, dans une culture dominée par l’appartenance à une communauté (à l’inverse de la société occidentale depuis longtemps individualiste) et les valeurs traditionnelles sont peu à peu tombées en désuétude. La jeunesse se retrouve aujourd’hui sans repère.


 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
Les parents (surtout le père qui représente l’autorité) prennent de moins en moins le temps de s’occuper de leurs enfants. « Les Japonais ont une maison, mais ils n’ont plus de foyer » .

Autant que l’institution familiale, le système éducatif traverse une crise profonde. Longtemps efficace, le modèle d’une école elle aussi instrumentalisée pour la croissance économique au lendemain de la guerre ne fonctionne plus correctement. « L’objectif des jeunes est d’entrer dans le meilleur lycée, pour arriver dans la meilleure université, pour intégrer la meilleure entreprise et bien gagner sa vie, devenir riche. Leur vision est très matérialiste. »